mardi 27 décembre 2011

Le pouvoir et la mort

Ne plus gouverner tue. Les murs du pouvoir sont placardés d'un même avis de gros temps. La fin d'un règne n'annonce rien de bon. De Gaulle et Mitterrand meurent dans l'année qui suit leurs adieux élyséens. Chirac se détraque. Il s'éteint à petits feux.
Ces trois présidents ont rêvé de dominance dès leur plus jeune âge. Ils ont fait le vide autour d'eux au terme d'un impitoyable processus de sélection darwinienne. L'exercice du pouvoir a conforté leur santé. L'autorité est une pharmacopée. Mitterrand y puisa de quoi soigner son mal.
Il est pourtant un contre-exemple. Dès ses premières culottes courtes, Giscard songeait à couronner sa naissante calvitie. Giscard est un cas. Il n'est pas mort d'avoir été congédié par le peuple. La drogue du pouvoir a maintenu ses effets longtemps après. L'actuel vieillard est persuadé qu'il n'a jamais dételé. Il persiste à considérer ses successeurs comme des imposteurs. Il possède comme personne le fiel présidentiel. Sa méchanceté l'a préservé.
Seul Pompidou n'a jamais rêvé d'être président de la République. Sa biographie bute au chapitre de "l'enfance d'un chef"."Le normalien qui sait écrire" s'est retrouvé un beau jour le dauphin d'un général irremplaçable. Dans les cours de récré, il oublie de se forger la volonté d'un petit père des peuples. Il entre à l'Elysée. Il n'en sort pas vivant. Lui manquait sans doute l'obsession revancharde, cette pathologie des premières années. Jamais il ne partagea pas la maudite jalousie des apprentis tyranneaux.

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