jeudi 8 décembre 2011

Un rire de délire

Quand la liberté s'affranchit de la limite, elle dépérit dans la tyrannie. Quand le rire ne sait pas s'empêcher, il cède au ricanement totalitaire.
Quand Cavanna revendique un rire total, une sorte de "jouir sans entraves" soixante-huitard, il se réclame d'une dictature de la dérision. Ce dévergondage absolue du rire fait froid dans le dos.
"Le rire est la cruauté à l'état pur". "Nous riions de tout et de tous". "Le rire s'en fout". Les sentences de Cavanna glorifient l'insensible indifférence du rire. Elles sacralisent la bête et monstrueuse méchanceté d'un rire de délire.
Se moquer des puissants est signe de santé morale, voire de finesse intellectuelle. En revanche, flétrir de sarcasmes et de quolibets les petits pauvres des rues est révélateur d'une morgue méprisable. Rire du Christ crucifié est un sport de confort, un doux émoi des docteurs de la loi. Humilier le plus humble est une privauté de rassasiés.

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