mardi 17 avril 2012

Hollande hors normes

Hollande a gagné. Il est roi depuis des mois. Il est n'importe qui. Avec juste l'écriteau "socialiste" dans le dos. N'importe qui a vaincu Sarkozy. Un candidat de raccroc suffisait. La détestation de Sarkozy dans le pays a suffi. Sa vulgarité de style, plus que son bilan contrasté, l'a d'emblée disqualifié. Une volonté de bouledogue et un toupet de commissaire n'ont pas embelli sa déficiente prestance.
Le dernier quinquennat donne l'impression d'un arrivisme impudent, le sentiment d'une action brouillonne sur fond de slogans péremptoires. Ce président imbu de notoriété s'est étourdi dans un vertige de pouvoir, aussi lacunaire que décousu. Même scénario, sans queue ni tête, durant une campagne teigneuse.
Hollande a gagné. C'est un innocent aux mains pleines. Hollande rit sans être le moins du monde endolori. Les coups ont glissé sur son armure d'anti-casse-cou. Il est roi du premier coup, sans assez d'estafilades sur la peau. Il n'a pas eu besoin de souffrir pour être beau. Juste un petit régime pour satisfaire aux normes de la République. Rien de vraiment sacrificiel.
Le peuple s'étonne que le nouveau Mitterrand soit sorti du rang in extremis sans autre atout que la défection des siens et le rejet populaire du locataire élyséen. Il n'a pas bataillé des décennies durant. Il est sorti du chapeau comme le lapin du scrutin, coiffé par les fées, drapé de solennité, au dernier chic apparatchik.
Il n'a mouillé sa chemise qu'au jardin venimeux des roses de Solférino. Il a éconduit Aubry. C'est son fait d'armes inaugural. Depuis lors, il a jeté son tablier d'horticulteur à jeux de mots pour endosser la tunique du seigneur du château. Sa vérité de scrutin tient dans la normalité de son destin. Dans le nouveau roi passe-muraille, on distingue les traces d'un Bérégovoy matois.
Roi pâlichon dont le soleil serait Mélenchon, féal à générosité Royal. L'homme un peu gris ne s'est rasé président que dernièrement. Au nez et à la barbe des plus anciens rêveurs de leur propre destin.
"Hollande président ? On rêve !". Fabius regarde fleurir la "fraise des bois" de ses plus mauvais songes. L'homme de paille, qui rime avec grisaille et bleusaille, a gagné la bataille. Le placide magicien s'est octroyé la timbale élyséenne. Si, dans la foulée présidentielle, il remporte les législatives, il offrira à la gauche tous les pouvoirs de la République, du local au national. Hollande, sous un faux air bonhomme, est un président hors normes.

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