mercredi 18 avril 2012

Le sentiment du luxe

La sensation littéraire se situe à la croisée du tact et du goût. L'épiderme absorbe le jus de la phrase. Le corps jouit des saveurs de syllabes. L'expérience sensuelle de la littérature imprime ses vertiges de chair.
L'écriture est une musique de la terre ancrée dans la glaise. Elle se danse dans la tête au son des épithètes. Elle colore la mémoire de ses petits mots sonores. La littérature est un film d'aventure intérieure. Elle s'imagine derrière les yeux. Elle fait partie des effets personnels.
A rebours du temps, l'Albertine de Proust évoque l'Angiolina de Matzneff. Rien à voir, sauf la présence de feu. L'art des ciseleurs de bonheur pénètre la peau, touche l'intégrale des régions du visage: bouche oreille et regard. La littérature exhibe au soleil ses dentelles immortelles. A défaut des arômes qui enivrent les hommes.
Le sentiment du luxe court dans les veines comme un voleur dans des ruelles de voyelles.

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