lundi 10 décembre 2012

Née d'un rejet

L'hostilité crée la communauté. Les démons aux frontières fédèrent les nations. Les mauvaises fées sont des traits d'union. L'Europe est née d'un rejet.
Elle s'est extraite de la Shoah et de Marx. Elle vient d'un traumatisme de la mémoire: Hitler et Staline. Marx est mort dans les usines. L'histoire remballe ses horreurs. Elle saute la page de la solution finale. L'Europe désigne un horizon de paix.
Or l'union pèche par déficit d'anticipation. L'Europe s'agrège autour d'une paysannerie dont les jours s'abrègent. Elle privilégie l'acier dont on faisait les canons.
Elle s'entiche du fétiche de l'économie. Elle repeint les nations aux couleurs de leurs seuls picaillons. Amnésie des géographies. Silence poli sur les croyances. La technocratie s'approprie les patries. Les nouveaux héros se moquent des mondes locaux.
L'Europe cingle vers l'avenir avec une cargaison de conceptions arriérées. Elle s'étourdit d'historiettes gentillettes, s'épuise au marathon des concurrences, se nourrit du ressentiment de la mondialisation.
L'ennemi s'apparente à l'étranger menteur, producteur à bas prix. L'Europe a trouvé sa nouvelle solidarité. Elle actualise son logiciel d'interprétation des marchés, consent à installer sa dernière version. Elle identifie la mondialisation d'échange inégal comme sa nouvelle grande querelle.
L'Europe grandit au voisinage d'une terrible guerre de bornage. Il s'agit de délimiter le champ mondial d'un commerce équitable.
Ce combat renaissant nécessite la vaillance d'un continent. Il exige la claire vision d'une ambition.


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