vendredi 21 décembre 2012

Disponibilité charnelle

Sentiment d'être entravé dans ma liberté d'apprécier. Le vin de Champagne d'hier, au raout de la société des auteurs, avenue Velasquez, altère ma sensibilité du réveil, gâte mon humeur à bien lire.
Le bout de fièvre, qui montre son museau, impose aux mots ses priorités. Il m'enseigne que la majesté d'un style nécessite la santé du corps.
Lire Proust ou Chateaubriand exige une attention précise, une sensibilité réactive à la phrase, réclame une disponibilité charnelle au chant des voyelles. Faute de quoi, on rate un virage à chaque page.
D'où le lot de consolation du texte de raison. Une conscience diminuée se contente de science épurée.
Inutile de s'aventurer blessé dans La Vie de Rancé. Aujourd'hui, je feuillette Le Goff, lit des bribes sur le Moyen-Age. L'esprit, même embrumé, se plaît à déchiffrer l'expression réduite à son austère signification.
On ne peut pas lire Claudel, les jambes en flanelle. La littérature s'adresse aux bien-portants, par nature. La science de l'homme, deuxième choix, parle au camp des malades.

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