vendredi 16 novembre 2012

Cannabis, ter et quater

La réalité déçoit. Car loin de soi. Loin des souhaits. On l'acclimate comme on peut à la douce intimité. On repeint le monde extérieur aux couleurs du for intérieur.
La consommation de cannabis s'inscrit dans une logique d'escamotage des périls, de camouflage du réel. La drogue apprivoise l'étrangeté du monde. Elle humanise les bourrasques de violence et de non-sens.
C'est pourquoi le sujet de l'actuelle cité-monde s'y abandonne à l'envi. Il se jette comme une bête sur la cigarette. Il plonge dans l'alcool. Il se vautre dans le travail, le sexe et la bouffe. Il cède au culte du web, des sons et des images. Il se livre aux bâillons des religions. Il s'incarcère en Enfer. Bref, il aliène sa liberté à tous les cannabis, ter et quater de la terre.
La reddition à l'addiction signe une perte d'autonomie. L'homme d'aujourd'hui y consent malgré tout. Il se dérobe au duel frontal avec le réel. Trop dur.
Il se soigne avec les moyens du bord. Il emprunte l'itinéraire cannabis à destination d'un cap imaginaire.
Il s'y fourvoie. La drogue est une passerelle de fortune entre le monde et nous.

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