vendredi 23 novembre 2012

Juppé, figure de sainteté

Le roman de l'Ump est une illustration saignante de la pensée girardienne. Fillon, Guaino, Karoutchi. Les lieutenants du séguinisme se regardent en chiens de faïence. Ils se détestent comme des pestes. Ils se jalousent comme des frères. On ne se pardonne rien quand on est paroissien d'une même chapelle.
Ajoutez Juppé par dessus le marché. Juppé, né coiffé, ne demande jamais rien, sauf à être sollicité au sommet, sans serrer une main. Fillon revendique le giron de l'ennemi juré de son mentor adoré. Le vieux rival de Séguin se pourlèche les babines.
Juppé rejoue la phrase de Chirac. "Juppé est le meilleur d'entre nous". Il trône en majesté sur un parti déchiqueté. Juppé le père se compose le visage de Jupiter. Copé s'est fait tirer l'oreille. Les deux chiraquiens de souche s'apprécient peu. Juppé est désormais courtisé comme une divinité.
Fillon, plus récent dans ses galons d'ancien premier ministre, lui avait brûlé la politesse. Juppé tergiversait. Voulait secrètement se présenter à la présidence. Fillon, en ami des bolides, le doubla sans un regard. La mémoire de Juppé ne flanche jamais.
Bref, Juppé se compose le visage d'un sage au-dessus de la mêlée Ump. Autorité morale. Ses postures d'extrême lassitude disent son grand âge. On a oublié les emplois fictifs de la mairie de Paris. On zappe les démêlés avec la justice, la condamnation, l'exil au Canada. Juppé était alors une victime émissaire.
Juppé veut rompre avec son passé sacrificiel. Régner, loin du peuple, sans porte à porte, lui va comme un gant. Juppé siffle la fin de la récréation. Le parti de la droite, dont il rédigea les absurdes statuts, lui appartient de droit. A la faveur d'une belle pagaille, Juppé est remonté sur son cheval. Ce preux politique, pourfendeur des bourrages d'urnes, est en voie de canonisation. Juppé se prête sans se forcer au jeu de la figure de sainteté.

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