jeudi 6 février 2014

La côte sauvage

Gallimard. Le rouquin, qui jongle avec les bouquins, règne en son jardin. J'identifie le muet visage à peau blême de l'altière caissière.
On se salue sans faire une ride au silence. L'homme est svelte, pas jeune pour autant. La femme est fardée comme la Roberte de Klossowski.
Je songe à un troisième larron, mort d'un chagrin du sang, homme à bedon, le plus érudit de la maison. Il m'enseigna une certaine joie. Je lui dois la manière de caler un corps au format du livre d'art.
Les hommes raccourcissent comme les jours. Les livres condensent du temps sur des étagères de poussière. Le lieudit librairie se prête au recueillement des yeux.
J'abrège les courtoisies. Dès l'entrée, je dégringole l'escalier spiralé. Au rayon des livres miniatures, je remue mes souvenirs d'alphabet. Après Hugo, avant Ionesco. Je saisis Huguenin dans ma main. Le dernier livre d'Hallier s'appelle Je Rends Heureux. A cause des initiales de Jean-René Huguenin, son copain de Tel Quel.
L'aimé de Gracq et Mauriac a laissé un roman et un journal, tassés joue contre joue, égarés au rez-de-chaussée, au bas de l'escalier. Pour la Bretagne, mieux qu'un guide, j'ai besoin de relire des pages de La côte sauvage.

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