mercredi 12 février 2014

L'Europe de la valetaille

Les nations hésitent sur le chemin d'une fédération. Jadis elles guerroyèrent jusqu'à leurs derniers fils. Cahin-caha, l'Europe s'ébroue, vote en tas, masque un malaise à sortir d'une genèse.
Le Vieux Continent mêle son sang, ne régénère que le ressentiment. La frasque du Latin contrarie la rigueur du Germain. L'Europe peine à touiller ses peuples en une goulash potable. On ment sur les condiments. Les chefferies des pays pratiquent l'hypocrisie à leur fantaisie.
Morand: "Je ne conçois l'hexagone qu'inscrit dans la sphère" (Venises). C'est le style d'un cosmopolite. Si le monde a sa figure de géométrie, l'Europe se dispense de symétrie. On y tasse les nations dans une improbable géographie. Nos champions de pouvoir n'imaginent leur terroir qu'encadré dans un fichu bazar.
Il y a nécessité à s'agréger pour mieux peser sur l'humanité. Le grand format d'un vivre ensemble constitue l'horizon ultime d'une mémoire meurtrie. On taille XXL. Pas de plan B.
Ce genre de blabla émeut la piétaille d'isoloir. Or les candidats au sacre sont des deuxièmes couteaux, des chevaux de retour, des perdants récurrents.
L'Europe est le lot de consolation des recalés du suffrage local. Ces habitués de la tasse électorale sont parachutés à Strasbourg. Le Vieux Continent pèche par la pauvreté de son recrutement.
Ce choix politique par le bas mesure le degré de croyance des partis en l'utopie communautaire. C'est pourquoi on y désigne les plus médiocres, on y délègue de pâles doublures. L'élection rime avec désaffection.
Car Strasbourg est un trou, un goulag, une sorte de Sibérie. On y châtie les petits. Hors sol, on y dépérit. L'Europe douche les ambitions. La carrière nécessite un terroir. Les ténors fuient le calamiteux placard à tocards, n'en veulent pas pour un empire. On y case la valetaille.
On apprécie la distance entre les choix du moi et les professions de foi. L'exil rhénan fait la démonstration qu'on nous ment éhontément depuis longtemps.


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