mercredi 5 février 2014

Moi et mon mal

Le mal batifole sous l'émail. La mâchoire est un gong, une caisse de résonance où vagabonde la souffrance. J'ai la sensation d'une dentition aux terribles allitérations.
J'ai la bouche pleine de fièvre. J'absorbe de la purée de neige. Je dissous des pilules dans de l'eau qui pétille. Le médicament se moque toujours du patient. Le mal se conjugue au présent. Un présent qui dure, qui s'endure jusqu'au futur.
Je quémande le sentiment du rafistoleur de quenottes. Le docte officier à sourire carnassier montre ses dents de financier. Il me trimbale, moi et mon mal, jusqu'aux calendes grecques. Il se soucie de mes ennuis buccaux comme d'une guigne.
A la Pitié-Salpêtrière, l'atmosphère évoque une criée de bord de mer, s'apparente au bourdonnement d'une salle des marchés. Les portes claquent comme des dents malades. L'écran affiche les numéros gagnants. C'est le mien - mais pas tout de suite - qui clignote.
L'urgence est une récompense. Je déplie mon squelette pour un oscar de starlett. C'est une jeune toubib, Sherry-Lynn, qui m'exhorte à prononcer le mot "cerise". Ma dent n'est pas l'aimée des fées: elle est nécrosée.


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