mercredi 19 février 2014

Le chagrin des parpaings

Je suis sauf à Roscoff, loin des yeux brefs, tout entier dans le vif. J'entends les mouettes couiner. La mer siffle son leitmotiv de locomotive. La mer est agitée d'oiseaux englués dans trop d'eau.
La terreur crée la prière. Les yeux de vent cinglés se sauvent du regard des dieux. L'homme fait la guerre parce qu'il mime la mer. Ses détonations sont la langue d'une nation. La vague ploie sous sa loi, fracasse la terre de face, blanchit la pierre d'un fou rire de chiennerie.
Il ne se passe rien avec une précision d'horlogerie, à pas millimétrés, sans vouloir heurter l'éternité. Les fronts bourrus sont des statues à chaque coin de rue. Les enclos paroissiaux délimitent un ciel haut.
Je n'attends rien. Sauf la splendeur. La vague ratisse l'infini, compte et recompte jusqu'à dix. Veto du granit. Locquirec et ses criques.
Bouillasse et bouillons. Vase et vagues. Une pluie fine taillade les pommettes, perce le squelette. Le ciel et la mer joignent leurs doigts d'ardoise. Les hommes meurent sans un stock de douceur.
Vent tombé. Silence dégringolé sur une mer apaisée. Roches et varechs sont des signes celtes. L'aigrette remue le sable avec des pincettes.
C'est l'heure où l'eau se froisse. La mer est trouée comme une mémoire millénaire. Un climat punitif fronce le relief des visages. La pierre a les yeux rougis par la pluie. Les hommes partagent le chagrin des parpaings.

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