J’appartiens
à la troisième ligne, au gruppetto des lâchés du peloton. Il dérive sur
l’asphalte à plusieurs minutes des héros du front. De loin, j’observe les
courbes en montagnes russes du virus. A mon balcon, j’applaudis les champions. Mais
je n’ai plus rien dans les mollets, bientôt on me fourrera dans la
voiture-balai.
La
mobilisation s’apparente à une immobilité. On s’assied, on se tait. On attend la
vérité d’un monsieur aux yeux d’acier. Le temps est trop grand. On flotte dans
son vêtement. On est lié, domicilié, serré, incarcéré. Le temps est infini,
l’espace est tout petit. On se cogne à l’espace/temps de l’appartement. On
meuble le cantonnement avec des expédients.
Dans l’embrasure d’une littérature, je suis sorti sans me faire voir. Je croyais. La gendarmerie m’a demandé un permis de fantaisie, la maréchaussée des papiers d’échappée. J’argue d’un shopping chez Céline, Hölderlin et Kipling. J’ai décrit mon caddie. J’étais sorti du périmètre consenti. Ils m’ont fauché les denrées. Je suis rentré avec Cingria dans mon cabas. Ni vu ni connu. Asile suisse.
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