C’est
un livre qui cogne, qui m’a secoué, de l’alcool peur, une écriture d’un bleu
dur comme un ciel pur.
Ton
récit, celui d’une vie, a ruisselé dans mes veines, s’est absorbé dans mon rêve,
a cheminé dans ma peur, s’est enseveli dans un souvenir. Il m’enveloppe, me
traverse, squatte une mémoire, obsède comme la couleur du bled, la torpeur
d’Oppède.
J’ai
senti, pressenti Fred, dans les parages des pages. J’ai identifié une foi dans
la manière d’être soi. Dès l’entrée, j’étais incarcéré dans une même éternité.
C’est
l’histoire d’une magie, d’un mystère raconté par l’aurore. On ne saura rien,
d’instinct, comme un bien du destin. Le livre aux mille bleus fait cligner les
yeux, froisse la couture des paupières.
J’ai
fini, je n’aurai jamais fini, je rassemble mes esprits. Ton livre, il me
désennuie puisque j’écris, j’ai bien compris je crois, des bouts d’autrefois.
Rodolphe.
J’ai connu Allan, à lire, déclamer Gracq, serrant dans mes doigts un petit
volume à phrases d’azur, le recueil de Corti. Un Beau Ténébreux, Bleu comme la Glaise. J’y ai laissé les rudesses
d’une jeunesse.
La
dernière image, la première, la mer, les plages et puis les pages. D’Ostie à
Port-Saïd. « Le vent ne livre rien de ses antécédents ».
Laure,
tu as réveillé mes souvenirs de la bande d’alors. Ton bleu missel est
universel.
Il
est immobile, comme le sont les saisons, les tournoiements rituels d’une
« grande roue bleutée ».
Casino.
« Un jeu qui n’est joyeux que dans la spontanéité ». La martingale du
Chinois. Dans nos années Sainte Geneviève, te souviens-tu d’un Russe incertain,
du cérébral Goldschmann ? Un jour, je raconterai.
Staël
qui donne au ciel son style. Sa peinture, je la décalque sur mes cahiers
d’écriture. Tu te balades en bordure de Ménerbes. Mes idées s’embrouillent. Je
m’exprime par bribes. Les choses se chevauchent dans ma tête. Deleuze, avenue
Mozart, Allan, le type d’Antibes. Je ferme la fenêtre. Je bande mes yeux. Je
vais me taire. Sviatoslav Richter est impérieux. Le piano bâillonne les mots.
Je
te suis, reconnaissant. Je veux dire que du doigt sur chaque mot du livre, je
suis le cheminement de ton sang. Laure, je voudrais poser mes lèvres sur ton
livre : j’embrasse la couverture. Ton front.
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