Karol Jozef Wojtyla est né le 18 mai 1920. De deux mois,
il est le cadet de Fred. Mon père et le Saint-Père sont voisins de calendrier. L’un
et l’autre sont aujourd’hui centenaires. Fred n’est pas sorti pape d’un conclave. Il aimait la
dérision, pas la compétition. Il n’était pas un saint, juste un honnête homme.
« Maintenant
j’ai l’âge d’être pape. C’est un soir d’octobre, dans un morne bled où Flaubert s’enivra
d’impérissables chimères, appela de l’aide, Byron et Sade, que Fred tira sa
chaise vers la table de bistrot, s’accouda à la nappe à carreaux. Maintenant j’ai l’âge d’être pape. C’est
un aveu de fils de Dieu, une déclaration de candidature, confessée à La Petite Auberge, rue Carnot, la
cahoteuse voie pavée qui dégringole vers la halle aux vieux crabes. Habemus papam. Wojtyla vient de
décrocher la timbale.
Fred s’identifie au prélat, s’amuse d’une fumée
vaticane, se rit du protocole, des belles âmes et de lui-même. Fred et Wojtyla,
jumeaux parmi les hommes, subiront les affres de la maladie de Parkinson,
dégringoleront, marche après marche, dans une intense démence, s’étioleront
dans une odieuse dépendance. »
Ce texte est extrait de « Fred » (5 Sens
Editions, 2019, page 68).
L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/belles-plumes/295-fred.html
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/belles-plumes/295-fred.html
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