Il est indémodable, inusable. Gabin, 116 ans le dix-sept mai. On dirait
même qu’il rajeunit. Mal aimé des palmarès, il est interdit de films d’auteur, ignoré
des cinémathèques. C’est un roc trop réac. Sauf qu’il y a Renoir. Sauf qu’il y
a Carné, le fils d’ébéniste, qui sait ce qu’artisanat veut dire, Duvivier qui
voit d’instinct la grâce d’artiste du Gabin d’opérette.
« Gabin massif, récif des vieilles valeurs, marmoréen, tanné par
le grand air, tassé sur sa légende. Taiseux dans la vie, grogne rentrée et
bouche cousue, volcanique au cinéma. Gabin, le Depardieu des Trente Glorieuses,
jette sur la vie son regard bleu de vieux bandit. La rudesse de l’homme voile
une délicatesse de danseuse. L’amant de Dietrich, l’ami de Ventura, joue la
comédie sans tricherie. La grande gueule est pacifiée par un rêve paysan qui
lui tape dans l’œil, inaccessible étoile.
Matthias, le fils, raconte bien les coups de sang du patriarche, à deux
doigts de la gâchette, devant les casseurs d’imaginaire. Il meurt en vieux con,
magnifique, sanglé dans ses silences. Moncorgé l’écorché ne crachera pas le
morceau. »
Ce texte est extrait de « Dancing de la marquise » (5 Sens
Editions, 2020, page 43).
L’ouvrage est disponible à l’adresse suivante :
https://catalogue.5senseditions.ch/fr/belles-plumes/322-dancing-de-la-marquise.html
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