Léaud the last. Il a
soixante-seize ans, le vingt-huit mai.
« Léaud, l'insolent
phraseur, ne s'assied guère que pour se lever d'un bond ou d'une colère. Il
change d'habit comme de survie, de chandail comme de travail. Il acclimate sa
trogne à sa besogne. Truffaut lui confie ses missions commandos. Il court vers
l'idée fixe à la vitesse du risque.
Léaud a peur du noir. Il est
planté dans la salle à manger du dimanche. La petite Jade s'amuse de marmelade
et de biscotte. Léaud feuillette un petit ouvrage sur Staël. Il ne regarde ni
ne se tait: il parle à livre ouvré.
Léaud remonte le drap. Il a
peur des apparitions. Il redoute les sortilèges de Fabienne, la subtile
blondeur de la femme du chausseur. Léaud plonge ses doigts dans le sucrier.
Léaud s'échappe, déserte l'intimité d'un visage en liberté.
Delphine Seyrig, évolue de côté, lance sa hanche d'un mouvement bégayé. Delphine Seyrig suggère une musique sans hier, joue de sa voix comme d'un léger trouble. Léaud, Seyrig sont des acteurs flagrants. Avec le temps, ils ont confectionné du présent, de la confiture de l'instant pour les matin, midi et soir d'un siècle déjà bien tard. »
Delphine Seyrig, évolue de côté, lance sa hanche d'un mouvement bégayé. Delphine Seyrig suggère une musique sans hier, joue de sa voix comme d'un léger trouble. Léaud, Seyrig sont des acteurs flagrants. Avec le temps, ils ont confectionné du présent, de la confiture de l'instant pour les matin, midi et soir d'un siècle déjà bien tard. »
(« Ainsi soit Staël », Editions du Bon Albert, 2013, pages 63/64)
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