mardi 18 janvier 2011

Fin d'un monde

A l'heure dite, ma pensée s'échappera vers toi, ta famille, Argentan, Saint-Martin, mes souvenirs de la rue de la Poterie. Je songerai au pays d'autrefois.
D'un père, on conserve les images précieusement dans sa tête, on thésaurise les photographies qu'on épingle à portée de regard. Mais il y a la voix, reconnaissable entre toutes, le timbre d'une voix qu'on entend dans son for intérieur, les mots et expressions d'un lexique personnel, la complicité des moments partagés que la mémoire privilégie. On casse la tirelire des souvenirs.
A l'échelle de soi, c'est la fin du monde, d'un monde enchanté dont le créateur s'efface, passe le témoin, nous tend un dernier bras. Restent les jours d'après la fin du monde. Nos pères nous exhortent à continuer l'aventure sans eux. Ou avec eux: autrement. Car nous sommes nourris de leur présence invisible. Ils ne sont morts que d'un oeil. Libérés de la matérialité, ils veillent sur nous, ils sont là pour toujours.

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