mardi 18 janvier 2011

Scrogneugneu

Dutourd a soigné son image de scrogneugneu. Il était incorrigible à se vouloir plus réactionnaire qu'un ancien révolutionnaire. Il était conservateur parce qu'un secret, on le garde contre son coeur. C'était un vieux sorcier goguenard, fier de ses sortilèges, éperdument amoureux de son art. A l'écriture expérimentale, il préférait la phrase de cristal.
L'homme de gauche de la quatrième République raconta sa rencontre avec de Gaulle, le récit d'une conversion, dans un petit livre rare, chef d'oeuvre absolu, "Conversation avec le Général".
C'est en fervent défroqué que Dutourd admira le grand Charles. Il peaufina ses ronchonneries d'iconoclaste au voisinage de dandies de son espèce. "Le mauvais esprit" est d'ailleurs le titre d'un dialogue réussi avec le regretté Jean-Edern Hallier. Il mérite bien sa palme de scrogneugneu d'honneur.

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