mardi 4 janvier 2011

Le deuil des carouges

Ces dépouilles de plume qui jonchent le sol d'Arkansas peuplent le premier camp d'extermination à ciel ouvert de la gent ailée. Les carouges à épaulettes sont morts de peur panique en pleine féerie d'apocalypse, sous les assauts organiques d'une pyrotechnie totalitaire. "C'est comment qu'on freine ? Je voudrais descendre de là..." chantait Alain Bashung. Les oiseaux se sont exécutés. Pareille au grand collisionneur de particules, la fureur humaine a provoqué les carambolages d'étourneaux.
A traiter la vie des bêtes comme la matière inerte - mais l'est-elle seulement ? -, l'homme saccage ciel, terre et mer, vide la nature de son âme. Sans le faire exprès, par distraction, en trinquant joyeusement, en formant le voeu d'un monde meilleur. Ce monde-là ignore l'au-delà des villes. La société du spectacle, la civilisation du loisir et du défouloir obligatoire se fichent comme d'une guigne du deuil des carouges.

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