lundi 11 mars 2013

Je hais les ouvriers

Ils scient, rabotent, martèlent. Cassent et fracassent. Ils sont chez eux chez moi comme j'imagine voleurs et rois. Ils fabriquent des échauffourées. Ils dépavent, élèvent des barricades.
Leur chef est bref. Brouillon comme un papillon. Faux-jeton comme un petit patron. Il fuit devant les fuites, se planque quand on le sonne.
Les ouvriers vont au chantier comme des enfants à la crèche. Ils travaillent peu mais fort. Entrent et sortent comme au théâtre des portes qui claquent. Onomatopées de malappris, cris et grondements d'outils. Ils livrent une guerre d'usure dans un brouillard de sciure. On dirait le raid mécanique d'une bête sans tête, l'inexorable dandinement d'un canard frénétique.
Au fil des semaines, ils compressent l'espace, s'acclimatent au rythme de limace. Ils poignardent une demeure à longueur de torpeur. Je hais les ouvriers.

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