lundi 23 mars 2015

Le manteau rouge

La solitude vient des morts. J'avais mes habitudes. Nous parlions des heures d'un même bonheur. La solitude vient du mur en face de ma figure.
La montagne tape sur la trogne comme un soleil qui cogne. La fraternité des pins s'agglomère en pubis étoilé. Le ciel est incisé comme une vitre édentée. A la Saint Joseph, une lumière d'empire stoppe une soif, fixe l'inégale splendeur.
Je patiente devant des cimes qui luisent. Les pins arolles, telles des carottes, formes isocèles, désignent le ciel comme une foule d'émeute accuse un despote.
La neige ôtée des reliefs hasarde des motifs historiés sur le flanc des massifs. Fermer les yeux. Fermer la parenthèse bleue. La parenthèse des yeux n'est qu'une brève anamnèse entre deux sommeils.
Je sors du néant le vieil ouvrage jauni de Gérard-Gailly, poète d'avant-guerre, fêlé somptuaire du grand amour de Flaubert. Août trente-six. Trouville. Flaubert n'a pas quinze ans. Il regarde le sable comme la couleur du désert. La plissure des eaux menace le manteau rouge d'Elisa Schlesinger.
Le patron des Crêtes me sert un bon verre qui tourne la tête. "L'attente, toute espèce d'attente donne pourtant du corps à l'homme, comme au vin le vieillissement" (François Cassingena-Trévedy, Etincelles IV, Editions Ad Solem, page 66).

Aucun commentaire: