jeudi 5 mars 2020

L'épiphanie Bekhti

Six mars, six fois six, Leïla Bekhti fête ses trente-six ans. Je la regarde. Elle est belle. Et moi je vois trente-six chandelles.

"Visage de Leïla Bekhti. Visage d'éclaircie, de doux noir regard. Visage d'Algérie, mordu de rouge, cerclé de lumière caramel. Visage libre aux yeux enroués, aux murmures impérieux.
Visage aux imprécises ruades, aux songeuses incartades. Visage d'une intuitive présence. Leïla Bekhti est un visage surgi, une embellie de la vie, une épiphanie.
Je vois les bandes de convives, les hordes de starlettes qui s'attablent au bruit des fourchettes. Leïla Bekhti s'assied dans un froncement d'épaules. On aime sa gaucherie, sa gaminerie sérieuse. Elle se ratatine quand elle dîne. Elle me déçoit, m'émeut comme une beauté fripée. Je sens la limite d'un corps entravé.
Son visage balance d'un côté à l'autre. Prend l'air des conversations. Met le bout du nez dehors, vers le sonore. Peine à poser son attention. Elle est courbée dans son assiette, pouffe d'un petit rire de fillette. Rire de bossue. Elle mange en catimini. Elle mange avec ses doigts. Leïla Bekhti se cache de quelque chose."


« Dancing de la marquise »,  5 Sens Editions, à paraître en avril 2020

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