Six mars, six fois six, Leïla Bekhti fête ses trente-six
ans. Je la regarde. Elle est belle. Et moi je vois trente-six chandelles.
"Visage de Leïla Bekhti. Visage d'éclaircie, de doux noir
regard. Visage d'Algérie, mordu de rouge, cerclé de lumière caramel. Visage
libre aux yeux enroués, aux murmures impérieux.
Visage aux imprécises ruades, aux songeuses incartades.
Visage d'une intuitive présence. Leïla Bekhti est un visage surgi, une embellie
de la vie, une épiphanie.
Je vois les bandes de convives, les hordes de starlettes
qui s'attablent au bruit des fourchettes. Leïla Bekhti s'assied dans un
froncement d'épaules. On aime sa gaucherie, sa gaminerie sérieuse. Elle se
ratatine quand elle dîne. Elle me déçoit, m'émeut comme une beauté fripée. Je
sens la limite d'un corps entravé.
Son visage balance d'un côté à l'autre. Prend l'air des
conversations. Met le bout du nez dehors, vers le sonore. Peine à poser son
attention. Elle est courbée dans son assiette, pouffe d'un petit rire de
fillette. Rire de bossue. Elle mange en catimini. Elle mange avec ses doigts.
Leïla Bekhti se cache de quelque chose."
« Dancing de la
marquise », 5 Sens Editions,
à paraître en avril 2020
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