lundi 23 mars 2020

Noli me tangere

On les encage. On les soigne de la rage. Les enfiévrés sont en nage. Les pas d’âge meurent à pas d’heure. Les sachems en bonne santé tiennent le haut du pavé. On espère des experts. On a confiance dans leurs croyances. Les uns partent à l’île de Ré, les autres parent au plus pressé. Les lendemains, on s’en lave les mains. Le boniment de Salomon est un jugement de Pilate. On attend les masques comme Godot dans les hôpitaux. Mais on perd le fil des priorités, on oublie la nécessité de l’âge-pivot.
Chez nous, on y est. Ce n’est pas faute de l’avoir réclamé. Je suis chez moi. A demeure. Avec des livres autour des doigts. Mes boucliers sont des Pléiade. Du balcon, je vois la bataille. La foule de rues a fait l’objet d’une coupe rase. Aucun tronc de trottoir ne rappelle les corps de piéton. Le macadam luit d’absence d’hommes. Nul ne songe à replanter l’espèce, à reboiser l’espace.
Noli me tangere. La négresse de caisse dénombre les pièces jaunes, me tend un ticket, la monnaie et la main. La chefferie des abris expédie la jeune fille du Mali, première de cordée, au casse-pipe Monoprix.

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