mardi 24 mars 2020

Un châtiment de chauve-souris

La guerre d’hier, c’était des jeunes gens désignés au casse-pipe, des fils à découvert sacrifiés par des pères dans leurs bunkers. La guerre d’hier, c’était une hiérarchie des générations. Les pères la déclaraient, les fils l’accomplissaient.
La guerre d’alors touchait les corps des poitrails forts, ciblait une bleusaille sur les champs de bataille.
Notre guerre sans visible adversaire, notre guerre sans imaginaire, jette au combat de vieux soldats de dispensaire. Notre guerre est mal nommée puisqu’elle épargne le feu des balles à sa jeunesse, jadis massée devant la mitraille, classe d’âge saignée des villages. L’ennemi sans physionomie achève les vieux tromblons sans horizon. Il éclaircit la société de ses plus fragiles pensionnés, de ses vieilles tiges parasites.
La guerre. Ahaner, répéter six fois le mot, n’en multiplie que l’écho. Une métaphore désaccordée brouille la vérité des faits, ajoute à l’injustice du maléfice. A ma manière, je suis médecin, toubib d’un dire incertain. Je veux rétablir.
Une épidémie n’est pas une guerre. Elle fait sourire nos militaires. Le virus abrège les jours de vieux gugusses, en précipite le terminus. C’est un châtiment de chauve-souris qui tue des cheveux gris.


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