La
guerre d’hier, c’était des jeunes gens désignés au casse-pipe, des fils à
découvert sacrifiés par des pères dans leurs bunkers. La guerre d’hier, c’était
une hiérarchie des générations. Les pères la déclaraient, les fils
l’accomplissaient.
La
guerre d’alors touchait les corps des poitrails forts, ciblait une bleusaille
sur les champs de bataille.
Notre
guerre sans visible adversaire, notre guerre sans imaginaire, jette au combat
de vieux soldats de dispensaire. Notre guerre est mal nommée puisqu’elle
épargne le feu des balles à sa jeunesse, jadis massée devant la mitraille,
classe d’âge saignée des villages. L’ennemi sans physionomie achève les vieux
tromblons sans horizon. Il éclaircit la société de ses plus fragiles
pensionnés, de ses vieilles tiges parasites.
La
guerre. Ahaner, répéter six fois le mot, n’en multiplie que l’écho. Une
métaphore désaccordée brouille la vérité des faits, ajoute à l’injustice du
maléfice. A ma manière, je suis médecin, toubib d’un dire incertain. Je veux
rétablir.
Une
épidémie n’est pas une guerre. Elle fait sourire nos militaires. Le virus
abrège les jours de vieux gugusses, en précipite le terminus. C’est un
châtiment de chauve-souris qui tue des cheveux gris.
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