mardi 31 mars 2020

L'énarque et la logistique

La trouée des forces virales dans notre ligne de défense nationale interroge sur l’insuffisance de l’armement. L’impréparation guerrière s’est traduite par une débâcle sanitaire. En deux temps trois mouvements, le virus  asiatique s’est propagé sur la quasi-totalité du territoire. Notre état-major de fringante start-up nation a retranché la population dans des forteresses de fortune, a terré son peuple dans des galetas, l’a cloîtré dans des greniers étriqués.
L’offensive éclair de l’ennemi a révélé l’état d’indigence du pays. Dans nos campements d’appartement nous parviennent les échos des généraux d’hôpitaux. Pénurie d’armes, rareté des munitions, manque d’équipements.
D’ores et déjà, avant d’établir un bilan des défaillances, il importe de réfléchir aux enseignements fondamentaux qu’il conviendrait de dispenser aux hiérarques de l’Etat. L’actuelle défaite des élites nous instruit que la rhétorique ne suffit pas.
Je suggère d’introduire la logistique au programme des pensionnaires de l’Ena, de mettre le paquet sur cette discipline stratégique – aujourd’hui maîtrisée avec virtuosité par les intelligences germaniques -, de l’installer au rang d’épreuve reine des prochains concours administratifs. L’introuvable logistique doit supplanter les bavardages emphatiques.
Les grands esprits de la haute administration fabriquent des bidules d’un genre assez étranges, des objets étrangers à la matérialité des choses, des faits et des actes. Les bureaux produisent des mots, rédigent des notes, confectionnent des textes de service, des discours taillés en cabinet, qu’ils apparentent à la réalité. Au fameux terrain qu’ils s’illusionnent saisir avec des signes sur des parchemins, des symboles sur un cahier d’école. En d’autres mots, l’énarque est devant la logistique comme une poule devant un couteau

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