lundi 7 novembre 2011

Chevénement, le diable probablement

Chevénement sort du rang, devance l'appel: il est candidat. Il a l'âge du De Gaulle des accords d'Evian. Celui de Mitterrand à l'aube du deuxième septennat. Chevénement se réclame de l'un et de l'autre.
Or, à la croisée des deux, se trouve la nation. C'est le bien le plus précieux d'un peuple. Elle lui donne un cadre et des mots pour s'exprimer. Là où l'Europe échoue à lui léguer une langue.
Chevénement, maurassien de gauche, refuse que la nation française soit confisquée par la droite extrême. Il pourfend les élites qui se réjouissent qu'elle se délite. La nation n'est pas plus la guerre que l'Europe n'est la paix. L'irénisme bruxellois ne conduit qu'à la haine de soi.
Dans "La France est-elle finie ?", Chevénement médite sur le destin du pays. Vrai livre d'homme d'Etat. Pas courant. L'ardente obligation de la nation - dernier abri de la démocratie - se conjugue à l'idéal calculateur de l'Europe.
Chevénement est à nouveau en lice dans le tournoi présidentiel. Il ne mâchera pas ses mots. Il va hisser le débat à bonne hauteur. Panache et brio manquent cruellement dans le désert des projets politiques. L'intelligence de Chevénement rehausse le niveau d'une compétition où se neutralisent déjà tant d'idées tièdes.
Chevénement n'est jamais le bienvenu dans le cercle des popotes partisanes. Le centrisme n'est pas son fort, la médiocrité non plus. C'est l'homme de trop qui parle haut. "Le diable, probablement", en écho à Robert Bresson.

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