mardi 29 novembre 2011

Des cavaliers désarçonnés

Personne ne croit plus personne. Surtout les banques qui se regardent en chiens de faïence. Les cartes sont biseautées. On commerce entre menteurs. On interrompt l'échange. Avant la violence du vol.
Le crédit est un acte de foi, vite obsolète quand on toise autrui du coin de l'oeil. Les marchés sont un théâtre d'opérations, un champ de décisions où "l'homme est un loup pour l'homme". Hobbes est tapi dans l'ombre du capitalisme financier. Or la confiance ne se restaure pas comme un monument historique. La vertu des simples a depuis trop longtemps déserté la conscience des princes de notre temps. Leur cupidité n'a d'égale que l'envie du sort d'autrui et la haine des fortunes rivales. Girard a tout écrit sur la question du ressentiment.
L'Europe ment comme un arracheur de faux bilans. On maquille la vérité, un peu comme en France, beaucoup comme en Italie, à la folie comme en Grèce. Même l'Allemagne n'est pas plus fourmi que les pays de plein soleil. L'Europe s'est fardée pour séduire.
La tromperie circule dans l'économie comme un venin destructeur. C'est un serpent qui répand la peur et libère la violence. Si les pactes entre nations ne sont plus respectés, alors la loi ne contraint plus, ne fait plus obligation. La confiance n'est pas rétablie par l'autorité d'un décret. Elle a besoin d'un modèle convaincant. La foi du disciple se calque sur l'exemplarité christique.
Nos économies vivent au-dessus de leurs moyens, survivent en-deçà de leurs ambitions. La comédie se joue depuis des lustres. A guichets fermés. Cela sied à tous, peuples et princes. On y troque les suffrages contre l'Etat-providence. Jusqu'au jour où les marchés rabat-joie suspendent la représentation. Jusqu'au jour où "le prêteur en dernier ressort" renâcle, rechigne, refuse comme un cheval devant l'obstacle. Nous sommes alors des cavaliers désarçonnés.

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