mercredi 16 novembre 2011

Hopi

Houppette blême. Un cocker, rue du Vieux-Colombier, réfractaire à l'ordre piétonnier. C'est un chien boudeur, mal instruit des velléités de son propriétaire. Il apprécie moyennement les errements. Mal réveillé, il joue de sa grogne ordinaire en artiste de rue. Il se flanque dans les pieds, s'immobilise avec délice, stoppe net la négociation de fond. Le cocker est un chien bergsonien qui s'adonne à l'observation intérieure, à l'intime examen.
Retour à la maison de mes débuts, dans l'amitié d'un bon chien roux. Hopi, du nom d'une tribu peau-rouge, imposait sa bougonnerie, son veto chronique d'animal indocile. Son poil de crâne en bataille annonçait la couleur. Sa patte un peu pataude jetait un défi aux franges du tapis. Nous nous amusions de la même balle. J'inventai une chansonnette qui scanda notre ping-pong de plancher. Mes voyelles agissaient comme les ailes d'un excitant.
Hopi n'aima que papa. Il mordait l'intrus. Ce chien taiseux, au naturel ombrageux, chassait les bêtes à plume avec une rare sûreté. Papa l'adorait. Maman l'exécrait.

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