samedi 13 octobre 2012

Je t'embrasse faible

Je dépouille mon courrier. On y témoigne son amitié. Otons les spams, restent les états d'âme. Les mails s'écrivent avec du miel. La formule de politesse se mue en déclaration de tendresse.
J'exècre, comme il se doit, le bref "bisous", qui me chatouille le cou, m'impose sa signature affectueuse sur la joue. Les expéditeurs de mails se querellent sur son pluriel. "Bisoux" est parfois usité en écho nostalgique des lointains "cailloux", "hiboux", "genoux".
A défaut de "bisous(x)", on sait aussi se congratuler avec énergie. Le "je t'embrasse fort", imprimé en pleine figure, cloue le lecteur à son ordinateur. L'accolade épistolaire relève alors de l'épreuve musculaire. L'effusion lyrique s'apparente à une discipline olympique.
La violence du "je t'embrasse fort" coupe court au commentaire. Je t'embrasse fort et je m'en fous. Dernier mot. L'incident est clos.
Je rêve d'un mail ou d'un essaimesse qui par étourderie s'achèverait dans une exquise paresse: "Je t'embrasse faible".

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