lundi 1 octobre 2012

Le pain

J'achète mon pain à la première heure. La boulangerie sourit seule dans la nuit. Verticales comme des fusils en émoi, les baguettes se mêlent, pareilles dans leurs corbeilles aux flèches des carquois.
La ronde marchande me tend une moitié enrubannée de papier. J'en sens le chaud dans ma paume. Je me débarrasse de petites pièces malades, jaunies d'économie.
J'ai peur que l'aurore ne refroidisse un fugitif délice. Je hâte le pas. L'ascenseur me hisse à l'étage. Je sors de la cage. Je me jette sur le pain, les narines tachetées de farine.

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